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Quel avenir pour la Nouvelle Entreprise post covid ?

Entre collaboration à distance, mercenarisation, et généralisation du télétravail, la crise covid transforme durablement l’entreprise. Probablement plus profondément qu’on ne le pense. Quel avenir pour la Nouvelle Entreprise post covid ? Succombera-t-elle, ou trouvera-t-elle des opportunités d’accélération et d’ancrage ? Notre analyse et nos convictions dans cet article. 

La Nouvelle entreprise avant la crise sanitaire

Bien avant 2020, le destin des entreprises de nouvelle génération n’était pas un long fleuve tranquille. D’abord, parce leur nombre reste marginal. Rappelons qu’à l’échelle mondiale, les modèles d’entreprise traditionnels créent la quasi-totalité de la valeur. Ensuite, parce que cette nouvelle entreprise qui horizontalise, autonomise, agilise, euphorise, privilégie l’inclusion, et donne du sens, prend racine dans le progressisme. Elle pourrait subir les mêmes affres que le courant politique qui l’inspire. À savoir de violentes turbulences face au retour du populisme et de l’illibéralisme. Eux nous rappellent que le sens de l’histoire (y compris pour les organisations du travail) n’est pas une autoroute du Nevada.

Quel avenir pour la Nouvelle Entreprise post covid ?

Face à ces débuts prometteurs mais limités, la crise covid pourrait changer la donne. D’une part, la médiatisation des relations de travail (travail à distance) procure des gains de productivité décisifs. Ceux-ci vont encore s’accroître avec l’avalanche de nouvelles technologies digitales, auxquels le bureau et la présence ne pourront longtemps résister.

D’autre part, le développement du télétravail va remodeler profondément la mobilité professionnelle, le rapport au travail, l’habitat. Ceci pourrait conduire à un scénario « localiste », dans lequel de nombreuses vertus sociales et psychologiques de l’entreprise seront transférées vers les activités extra professionnelles du lieu de vie. Achevant ainsi un mouvement où le travail perd son aspect central, nos existences devenant de plus en plus polycentriques. 

Les impacts du remote sur la Nouvelle Entreprise

La distancialisation de l’économie fait d’abord peser de sérieuses menaces : individualisation, plateformisation, mondialisation des compétences, érosion des collectifs et des solidarités au travail. La notion de collectif (au cœur de l’innovation organisationnelle) est fortement rudoyée par la distance. Le télétravail lui pourrait créer des entreprises certes agiles, des organisations apprenantes et en réseau. Mais des réseaux de mercenaires, individualisés, reclus, se vendant au projet le plus offrant, et accélérant l’archipellisation de la société.

En parallèle, des opportunités non négligeables

Toutefois, cette crise ouvre également de formidables opportunités à la Nouvelle Entreprise. La distance exige la co-responsabilité et la confiance. Elle s’avère donc être un puissant accélérateur de transformation managériale. Manager à distance (au sens littéral de mettre en mouvement), c’est en effet chercher à faire émerger une envie, une implication, autrement que par l’hypercontrôle, le micro-management et les rituels.

Par ailleurs, la distance rend la présence encore plus désirable. Cette crise va probablement accoucher d’organisations hybrides. Celles-ci vont réhabiliter d’une part le travail individuel et la collaboration asynchrone sur des temps longs. Sans le brouhaha d’une entreprise plus bavarde que coopérante. D’autre part, l’occasion sera donnée de profiter de temps présentiels de qualité. Où l’on exprime ce que nous avons de plus humain : imiter, partager, relationner, débattre, intuiter, etc. 

La Nouvelle entreprise post covid : conclusion

Cette crise sanitaire peut donc achever certains archaïsmes managériaux, rendre l’entreprise plus désirable et plus durable, et accélérer l’essor éminemment souhaitable des entreprises de nouvelle génération. À condition de donner du sens à la distance et de la saveur à la présence (publié initialement dans la revue CentraleSupélec Alumni).