Présentéisme vs absentéisme : de quoi parle-t-on ?

D’après le quatrième baromètre Alma Consulting Group, le taux d’absentéisme n’a jamais été aussi bas en France que depuis 2007. L’enquête, réalisée auprès de plus de 400 000 salariés de 241 entreprises, révèle que les français ont été absents au travail seulement 14 jours en 2011. Contre 15 en 2010. Faut-il pour autant se réjouir d’une telle baisse ? Apparemment pas. Présentéisme vs. absentéisme, voici nos explications. Zoom sur un phénomène ravageur au travail, qui inquiète chercheurs et professionnels de la santé.

Présentéisme vs absentéisme au travail : de quoi parle-t-on ?

Le présentéisme est le fait de rester jusque tard au travail, même si l’on a parfois fini ses tâches quotidiennes tôt dans la journée. Il est également souvent qualifié de « démission intérieure » par les médecins du travail. En effet, si le salarié est physiquement présent, il est psychiquement absent. Or cette présence traduit davantage un désengagement de sa part qu’une réelle motivation

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le taux d’absentéisme a fortement chuté depuis 2007. L’une des causes du présentéisme serait en effet la crise économique. Craignant de perdre leur emploi, les salariés ont tendance à s’imposer des horaires difficiles, voire insoutenables. Ce pour s’assurer une bonne « visibilité » auprès de leur hiérarchie comme de leurs collègues. Or les conséquences de tels comportements sont ravageuses en entreprise, aussi bien pour la santé mentale des salariés que pour les performances de l’entreprise.

Les conséquences du présentéisme pour l’entreprise

Côté entreprise, un salarié trop présent, loin de rapporter quelque chose, coûte des pertes considérables. Plus encore que s’il était absent. Si l’absentéisme coûte chaque année 550 000 euros à une entreprise de 320 salariés, les coûts engendrés par le présentéisme s’élèvent, eux, jusque 2 millions d’euros. Selon le docteur Philippe Rodet, les salariés trop présents ne sont pas concentrés sur leurs tâches. Ils ne sont donc pas productifs et désorganisent leurs équipes. Au Royaume-Uni par exemple, les coûts des jours perdus attribués au présentéisme ont été (selon une étude menée en 2009) 1,5 fois plus importants que ceux causés par l’absentéisme.

Les conséquences du présentéisme pour les collaborateurs

Côté salariés, les médecins tirent la sonnette d’alarme. Ils voient en effet dans le présentéisme un facteur majeur de RPS (risques psychosociaux). Se rendre sur son lieu de travail lorsqu’on est fatigué ou malade est notamment source de fatigue émotionnelle, de stress. Sans compter que cela alimente le mal-être au travail. Le corps médical s’accorde à dire que deux jours de congé maladie pour qu’un salarié se repose valent mieux que six mois de burnout.

La France, plus impactée par le présentéisme que ses voisins européens

Reste à souligner que le présentéisme est un phénomène bien français. En effet, dans les pays nordiques notamment, travailler jusque tard est synonyme d’inefficacité au travail et est plutôt mal perçu par les directions. Au contraire, rentrer tôt montre que l’on est une personne équilibrée et organisée. En France, les mentalités évoluent, lentement. Les entreprises semblent saisir l’importance de lutter contre le présentéisme. La SNCF a sur le sujet un train d’avance (!), puisqu’elle a déjà signé un accord avec les syndicats afin de combattre ce phénomène.

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